Les arcana

Les arcana

Né le 2 septembre 1907 (signe de la vierge), à l’aube d’un vingtième siècle tumultueux, Robert Ambelain fût le restaurateur attentif du monde occulte. Il était un digne compagnon de la hiérophanie, un « éveilleur » particulier, en replaçant les sciences dites secrètes au goût du jour.

Les cinq sciences secrètes du Comte Vincenti Da Piobeta, plus connu sous le nom de Pierre Vincenti Piobb, furent son cheval de bataille.

Il commença par l’astrologie, avec son traité d’astrologie scientifique ainsi que ses livres sur l’astrologie ésotérique et sur la talismanie pratique. Dans “L’ombre des cathédrales”, l’alchimie, le symbolisme et la mythologie, étaient passés au crible, notamment en ce qui concerne l’affaire Fulcanelli. Il montrait du doigt la tradition de la Kabbale et la transmission des confréries se réunissant à Notre Dame.

Robert Ambelain établit un programme de recherche de tous les signes et intersignes qu’avaient laissés dans la pierre les maîtres constructeurs. Il comprenait déjà, à l’âge de trente deux ans, qu’une renaissance s’imposait et que des filiations existaien. Il suffisait de les retrouver, à la fois par l’esprit mais aussi par la lettre. Ce chercheur infatigable devait trouver des maîtres du passé. Ce furent Cornélius Agrippa et le révérend père Hautburn, auteur supposé de la Virga Aurea. Il entrait de plein fouet dans un monde nouveau : celui de la magie. C’était sa voie pour accéder au saint des saints.

L’historien, l’intellectuel, quittait ses vieux habits pour devenir un moine magiste opératif, grâce à la découverte d’un manuscrit à la bibliothèque de l’Arsenal : la magie sacrée d’Abramelin. Le Mage qu’il perfectionna dans le Sacramentaire du Rose+Croix et le premier tome de l’Alchimie Spirituelle dont le complément dormait dans les survivances initiatiques : Templiers et Rose+croix. Dès lors, son programme se précisait et l’action se concrétisait par le réveil, grâce à des filiations sérieuses d’ordres légendaires comme celui de Péladan ou celui de la Stricte Observance Templière, avec comme toile de fond : la Rose+croix d’Orient et Memphis-Misraïm.

Il avait compris que depuis l’aube des temps, deux grands courants de même nature mais de formes différentes s’opposaient, luttaient, se déchiraient, à cause de la confusion entre pouvoir et autorité. La gnose des Ophites, celle de Basilide, de Valentin et des carpocrates, coïncidait sur un autre plan avec celle des kabbalistes juifs et chrétiens. Les anciens mystères d’Isis et d’Osiris se mariaient étroitement avec ceux de Thrace, d’Eleusis et des Cabires. La maçonnerie était la synthèse moderne encadrant, disciplinant par l’esprit les vieux concepts des anciens mages, devins ou autres pythonisses, mais qu’elle avait très vite oublié le « fond » c’est à dire la parole perdue qu’elle prétendait rechercher, sauf sur le plan de « l’Egrégore » .

En un mot, le révolutionnaire mystique, le provocateur magique, commença à triturer le sablier, à s’opposer à toutes les fables, à toutes les légendes quand l’éditeur Robert Laffont lui ouvrit ses portes et sa collection Noir et Or. Nous étions après 1968, en 1970, quand une bombe atomique éclata avec son livre « Jésus ou le mortel secret des templiers » , première marche d’une longue contre-enquête sur des sujets brûlants et sulfureux : la vie secrète de Saint-Paul, les lourds secrets du Golgotha, le secret d’Israël. Plus d’une vingtaine d’ouvrages où les talents du chercheur de vérités flirtaient avec la polémique soigneusement entretenue par les directeurs de collection, chez Robert Laffont.

Ce chercheur de vérités, ce provocateur qui utilisa les contraires dans la polémique, ce grand maçon qui me disait en 1982 : « A Paris dans nos loges, nous utilisons et nous conservons la règle, le compas et l’équerre » . La règle du grand architecte donne satisfaction à tout le monde, car nous souhaitons avoir parmi nous tous les hommes de bonne volonté, qu’ils soient bouddhistes, musulmans, juifs, chrétiens, ou tout simplement spiritualistes. Le grand architecte n’est pas défini en tant que tel, ce qui nous permet d’avoir une philosophie assez souple, pouvant notamment se pencher sur les problèmes de la science » . Ce défenseur de l’église Gnostique, ce rose+croix réalisé grand amoureux du mouvement du XVIII siècle, ce grand hiérophante de l’Ordre de Memphis-Misraïm, était aussi le Grand Maître de l’Ordre des Elus-Cohens, un martiniste accompli, plus martinéziste qu’adepte de Louis-claude de Saint-martin. Là encore, il avait compris que les idées de Martinez de Pasqually venaient de la Rose+croix d’Orient et des frères initiés d’Asie. La grande Kabbale, celle des juifs et des chrétiens comme de l’Islam le plus pur. Peu importait le pays pourvu que l’esprit éclate et donne sa semence.

Toute sa vie il rassembla ce qui était épars par la pratique de l’occultisme, d’une façon lucide. Il doutait comme les grands mystiques, il connaissait très bien la problématique de la magie car l’homme moderne se méfiait à la fois de l’inconscient et du subconscient. Dans l’évocation d’Hariel, il eut la révélation et il sut que le petit homme devait se méfier d’être sans préparation, dans le feu vivant. Dieu vous garde lui conseilla un ami.

En 1982, dans son appartement près de la place d’Italie, il était pessimiste pour l’avenir. Lui qui avait connu deux guerres effroyables, il tremblait pour les futures générations car au fond, il voyait bien que le matérialisme triomphait, que la tradition se perdait et que l’espoir de la réintégration, si chére à Martinez de Pasqually, s’éloignait de ses contemporains.

En 1984, il confia sa charge de grand hiérophante à Gérard Kloppel. En 1994, il écrivit “Retour à Alexandrie” comme si son âme, son esprit, son corps, n’avaient jamais quitté la vieille terre des mystères d’Isis et d’Osiris.

Le gardien du seuil l’attendait pour lui dire : « merci Monsieur Robert Ambelain pour avoir réveillé nos déesses et nos dieux ancestraux », pour avoir retrouvé la filiation des égrégores et le parfum de la mer qui s’allie avec le soleil et qui a pour nom : l’Eternité.

C’est la raison pour laquelle notre loge est attentive à vous faire revivre, M. Ambelain, à chaque fois quand nous invoquons l’ange Hariel, quarante sixième de son état, vous qui avez refusé le principe de la résurrection mais admis le concept de la réincarnation.

Le théurge agit selon le plan divin dans le cadre d’une transmission verticale. Par le verbe, par la parole, par le chant, par l’évocation , par l’invocation, il utilise le son donc l’élément Air et le cinquième élément, l’Aether, pour être en harmonie avec la divinité.

Le théurge agit selon le grand dessein qui rappelle celui des Templiers. Il est mage et magicien. Il doit se fondre pour être au diapason de telle manière à recevoir pour retransmettre.

Le théurge est un prêtre, un officier-médium entre les deux Mondes de Platon. Il est très encadré dans ses fonctions par les rites, les rituels et l’égrégore qu’il travaille d’une façon collective.

Le Mage-Théurge invoque les anges, les génies ou les états de la conscience. Il a la clef du Temps. Il sait qu’il doit être, au bon temps, à la bonne heure, dans l’instant de la présence. Il fait acte de volonté avec l’inexprimable, l’ineffable. Il est inspiré et doit communiquer cet appel aux initiés, de telle manière à multiplier la prière.

Il connaît les erreurs du Sentier et maîtrise la force inversée qui est la clef du dynamisme et quand il atteint cet état «  glorieux » , il doit signifier l’intention à la collectivité qui fera le tour du prisme.

Les signatures, les signes ou intersignes, hiéroglyphes de la langue sacrée comme dans la Table d’Isis ou Mensa Isiacae, doivent être analysés selon le registre des 2400 noms, les carrés magiques ou autres palindromes, et la carte de Touzay Duchenteau. Les tables de Fred Mac Parthy sont une assez bonne synthèse des axes de vérification de votre diapason personnel en l’entrée dans ce monde. Votre vénérable et ses deux surveillants, votre Supérieur Inconnu Initiateur, doivent vous conseiller en la matière comme : « Les Eons-Guides, maîtres du jour et de l’Instant » .

Le Mage Théurge invoque et évoque. Les évocations doivent être accomplies au bon instant, avec une intention bien déterminée, en tenant compte de l’intention inversée et maîtrisée. Là encore, les tables sont recommandées, tout en suivant le programme des Ateliers. Ne soyez jamais seuls dans ce genre d’opérations. Les trois cercles de protection doivent être un préalable avant toute opération et convenablement tracés selon les règles de nos Anciens.

L’Oratoire est la demeure du Mage théurge comme la Loge en son Saint des Saints, sur le pronaos reposant sur les 108 cases : l’autel des parfums ouvre le chemin de l’invisible. C’est le processus de : « l’Assation » de l’Alchimie qui permet, sur un autre plan, la communication verticale. Il est clair que votre mental est alors mis entre parenthèses, laissant place à votre cœur. Il reviendra par la suite une fois la cérémonie terminée.

L’Alchimiste est d’abord un prêtre ; il possède le grand Aleph et la clef de la lance ou Morte épée qui repose sur le tombeau.

Son langage n’est pas codé car il change de plan lorsqu’il décrit une entité : certains l’appellent la langue des Oiseaux. Trame de laine ou de l’N, Rime en aile, en L, Parterre ou part d’Air, Aether ou He Terre. Là encore, il jongle avec l’élément Air, relié à l’arcane de la quintessence.

Sur le plan géométrique, il dessine des molécules tirées du néant, passant du pentagramme à l’hexagramme, avec l’idée omniprésente de relier les éléments à l’unité.

Il singe donc la Nature, l’observe, la copie, accélère ses processus en commençant par : « La materia prima » qui est la synthèse des sept esprits planétaires … en appliquant la devise : “Solve et coagula”, avec pour adjuvants Le ou Les Feux secrets.

Il capte un rayon de lune puis un rayon de soleil, en extrait les deux terres rouges et bleues et les mélange aux sels de l’eau, de la pluie et de la neige pour composer ses électrums.

Il est surpris par les saisons, observe le cours des fleuves et la croissance des arbres. Il sait que l’espèce a sa raison dans l’Athanor du Temps. Le zodiaque quotidien lui montre un chemin inattendu des naissances et des renaissances. Il est le chevalier du temps et de l’instant. En observant, il marque de son sceau le processus naturel. Il devient ce serpent transpercé par une flèche qui perd ses aigles, c’est à dire le temps arrêté par les sept génies planétaires qui donne le sang de pierre rouge d’un soleil incarné.

Aidé par les messagers, teinturier par nécessité, il reçoit le don de Dieu s’il est au fait de son corpus gloriae.

Si l’histoire de la franc-maçonnerie commence avec les « olds charges » des compagnons, les débuts officiels sont en Angleterre, à Londres. Comme toute nouvelle confrérie, elle cherche des assises dans la grande tradition, en créant un certain nombre de légendes qui disparaissent au fur et à mesure des rééditions du livre des constitutions.

Nous sommes en 1722. La marque du protestantisme du pasteur Anderson suit les traces politiques de ces ancêtres cagots, patarins, albigeois et cathares. Ces traces de la grande Gnose surgissent par intermittence depuis deux mille ans. Apparemment, le conflit s’effectue avec le catholicisme, plus avec l’Eglise, ses docteurs, ses inquisiteurs, qu’avec le fond de la croyance.

Or, le but de la maçonnerie est de rassembler ce qui est épars. La première unification n’est pas suffisante sur ses propres bases. D’une manière récurrente, l’utopie est attaquée car elle s’oriente vers une construction partielle. Les idées surgissent, se réalisent, puis rejoignent l’abîme sans fond des cavernes humaines, proches du fleuve de Léthé.

Mais les Veilleurs sont là. Des hommes, travailleurs acharnés, se courbent, se redressent et ressortent régulièrement les idées qui n’ont pas été réalisées.

Il faut bien dire que les aspirations occultistes, hermétiques et mystiques, dont les racines appartiennent à l’ancien Monde, ont fait l’objet d’un raccourci qui nuit aux principes de la Tradition maçonnique.

L’oubli majeur de cette nouvelle école initiatique est prépondérant: La maçonnerie anglaise, par ses barrières et par sa vertu, comme dans ses statuts, se devait de ranimer tous les flambeaux des Mystères anciens de Grèce et d’Egypte, notamment ceux d’Eleusis.

Un certain nombre de convents (celui de Wilhelmsbad et ceux des Philathètes) essaieront de réunir les grands courants de la Tradition. Certains seront rattachés, absorbés, voire modifiés, d’autres seront exclus ou méprisés, voire méconnus. La Renaissance Traditionnelle ne verra point le jour. L’aigle à deux têtes sortira ses griffes pour émerger, tel le Phoenix des anciens.

Papus et Bricaud résument bien la situation pour décrire la nouvelle Franc-maçonnerie égyptienne de Memphis-Misraïm. Pour le premier,  certains maçons rattachés à des sociétés de Rose-Croix ou s’adonnant d’une manière à l’étude de la Science Maçonnique ont voulu approfondir cette science en y adaptant des grades kabbalistiques et mystiques.

Les plus connus de ces rites sont le rite de Misraïm, puis le rite de Memphis, fondés tous deux en vue d’un but spécial. Ils ont formé des puissances unies sous le nom Memphis-Misraïm. Le second ajoute et complète : on comprendra facilement que le Rite de Memphis-Misraïm ne peut convenir qu’à un nombre très restreint d’individus. Ils se recrutent principalement parmi les étudiants de l’occultisme et de l’hermétisme, lesquels, du fait de leurs études, sont plus aptes que les autres à comprendre les secrets maçonniques réels. Ainsi, parmi les Maçons studieux qui ne se contentent pas de savoir faire certains signes ou d’apprendre la prononciation de certains mots dont ils ignorent le sens, sont désireux de remonter jusqu’à la source réelle de nos institutions et d’étudier la partie occulte et transcendante de la maçonnerie. 

A partir du constat de la conscience de la « tragédie humaine », nous qui sommes des croyants du « Sublime Architecte du Monde », nous avons tous des échelles de Jacob à gravir pour arriver au but suprême qui est la fusion avec “Thot”. Nous y parviendrons en créant dans la mesure de nos possibilités “notre corps de gloire”, car un feu ne brûle pas un autre feu, fût-il sacré.

Nous transformer en un cristal rayonnant, limpide, lumineux, de telle manière qu’il y ait une grande contagion dans l’espace et le Temps, telle est notre difficile mission. Elle est chargée de terribles épreuves, qu’une « force contraire » tente à chaque fois d’annihiler. Notre potentiel de destruction est aussi grand que notre volonté de création. Rappelons nous toujours l’histoire du Miroir qui nous montre le véritable ennemi, c’est à dire nous-mêmes. Les uns réussissent, les autres non. C’est aux premiers d’aider les seconds, car, à la fin des fins, nous devons être au même niveau pour réintégrer la lumière qui nous fût jadis confiée.

Si nous ne pouvons porter tous les malheurs du Monde, notre bonheur, comme le disait jadis Jean-Paul Sartre, ne peut s’accomplir. Dès lors, des impératifs catégoriques voient le jour et notre association en porte la responsabilité.

Un bref aparté pour montrer que tous les plans sont impliqués…

Garibaldi, en grand stratège, a fusionné les rites de Memphis et de Misraïm, certes dans un but politique, mais aussi sur le plan humain. Il avait compris le message essentiel du Sublime Architecte du Monde : unir les complémentaires pour rassembler ce qui est épars.

Memphis-Misraïm, comme école philosophique, n’est qu’à l’aube de sa construction et pourtant nous allons en fêter, bientôt le bicentenaire. Est-ce que les quatre vingt six structures françaises vont « oser » se tendre la main et former une chaîne d’union exemplaire ? Cela fait partie d’un fantasme qui nous est cher et vers lequel nous travaillons.

Ces femmes et ces hommes, emprunts d’absolu, devraient invoquer et évoquer les mêmes anges pour cet anniversaire et montrer ainsi pendant ce jour là qu’ils sont unis, malgré leur différence. Pourquoi ? Parce que l’histoire démontre qu’il y a eu des hommes, des autorités qui ont su entraîner ceux qui n’allaient pas assez vite ou ceux qui s’égaraient dans les labyrinthes du savoir comme du pouvoir, mais qui, finalement n’osaient ni ne voulaient, mais temporisaient à l’extrême.

Nous qui sommes francs-maçons et qui sommes fiers de l’être, avons des règles concernant les grands problèmes de la filiation. A partir du moment où nous recevons “la lumière”, nous sommes initiés, c’est à dire conviés à commencer à gravir tous les échelons de l’Echelle de Jacob. Je dis bien commencer et je répète que notre processus ascensionnel n’est pas irréversible et qu’au plus haut, nous sommes en hyperbole et non en fusion totale.

Il arrive en effet que nous glissions parfois ou qu’une marche se dérobe sous nos pas. La filiation donnée est alors prise en défaut et nous recommençons à pousser notre pierre, qui est identique au rocher de Sisyphe que Prométhée, voleur de feu, devait pousser et repousser jusqu’à ce qu’il comprenne que le feu sacré ne lui appartenait pas en propre. La Filiation (quel beau nom !) consiste en la transmission du feu sacré. Elle nous est donnée mais, nous ne la possédons pas. Nous devons conjuguer avec elle et elle nous fera des signes ou des intersignes quand elle le voudra ; non quand nous le souhaitons.

J’ai eu l’occasion d’interviewer Robert Ambelain toute une journée, de le photographier avec l’épée d’Eliphas Levi, de le rappeler pour préciser tel ou tel point, de réfléchir à ses idées contradictoires, de me morfondre lorsqu’il prédisait « les grandes difficultés à venir » pour la jeunesse, pour le monde, de comprendre son” pessimisme” profond sur tous les grands sujets de l’humanité. J’avoue, vingt sept ans plus tard, que sa cohérence était parfaite : l’homme, et il s’en flattait, était comme Saint Thomas. Bien qu’imprégné des grandes traditions, il était profondément moderne ; c’est à dire pragmatique, réaliste et concret dans ses idéaux. Il savait ce qu’il fallait faire au niveau de la Renaissance de la spiritualité, comme Louis-Claude de Saint Martin et Martinez de Pascuallis. Il enrageait de ne pouvoir tout faire et il vous annonçait froidement : « Vous êtes foutus » en sous-entendant « c’est trop tard » … En fait, avec un certain sourire, il vous motivait à réagir.

D’autant plus qu’il connaissait la prédiction d’Eliphas Levi sur la prochaine école initiatique du futur, celle à laquelle nous appartenons, qu’avait déjà tenté la secte des Multipliants de Montpellier ou celle des Enfants de Sion.

Toutes ces choses là sont entre nos mains. Nous le savons, nous le voulons. Il nous reste à parfaire l’Oeuvre, à mettre en croix de Saint-André les roseaux calames des anciens égyptiens, afin qu’ils répandent des flots de lumière comme les étincelles sacrées des Réaux-Croix, avec un sens immédiat : celui du bûcher du Savoir dont les cendres seront le miel des deux sels qui irradient le grand feu qui ne nous appartient pas.

La « filiation » se définit par son contraire : elle n’est pas éternelle sur le papier. Elle n’est pas un acte juridique qui vous donne l’état ad vitam du transmetteur ou de l’initiateur. Elle est accessoirement sur patente. En revanche, elle vous fait participer à L’Egrégore de la Catena Aurea, de la chaine d’or des Anciens.

Le fils n’est pas identique au Père. Il doit prendre comme modèle le Père et le Saint-Esprit qui est le créateur du Père ; tout en ayant conscience que cette trinité, qu’elle soit chrétienne ou autre, ne vise qu’à retrouver l’unité consubstantielle.

La filiation n’est pas acquise, même si l’esprit est parfaitement communiqué, comme un acte de magie naturelle avec toutes les instructions données grâce au savoir des Anciens.

Peut-on raisonnablement penser qu’Albert Einstein, que Nicolas Tesla, que Léonard de Vinci, transmettaient leur génie d’un coup de baguette aux premiers de la classe, même pendant sept ans tous les jours et sans interruption, et bien sûr aussi dans le cadre d’une école ?

La filiation a un côté électif. Elle choisit son élu ou ses élus. Elle fait partie du destin, de la destinée et du hasard.

C’est là que l’on reconnaît la main invisible, la main de gloire du corps de gloire, qui oriente le porteur de lumière. Et comme la lumière ne nous appartient pas, vous devinez aisément la suite : les Messagers sont là et insufflent le mystérieux territoire de l’inconscient du porteur de lumière, incarné par l’impétrant, alarmé par le gardien du Seuil.

Les théoriciens du Papisme, du Grand Hiérophante, du Dalaï Lama, du Bouddha vivant, du Messiah, d’Elie l’Artiste, ont tous été victimes des critiques permanentes. Mais ce rôle est nécessaire, vital, dans l’exercice du rite. Je dirai même fondamental, essentiel et sacré, de par la nature même de la transmission verticale. La civilisation égyptienne a duré plus de quarante siècles. Le christianisme, le bouddhisme comme le judaïsme, ne sont pas prêts de s’éteindre, malgré quelques annonces spectaculaires.
Le concept de la résurrection, succédant à des réincarnations cycliques, demande encore à être dépassé, transcendé, amélioré, affiné. Et comme le disait tout récemment un prêtre de Saint-Sulpice, le père Roumanet, « Je ne vois rien à l’horizon ».
Ne confondons jamais le religieux et la religion.
“Le Visible n’est rien, l’invisible est tout” proclamait Louis Boutard après avoir décortiqué la table d’émeraude des Anciens Egyptiens, à savoir la Table d’Isis, plus communément appelée « table du cardinal Bembo ». Cette table synthétique du savoir, de la connaissance, est une véritable table de la loi, une bible de la grande gnose ayant Isis, Osiris, Horus comme déités.

Déjà, à travers ce miroir des Dieux, sur lequel ont planché les plus grands savants, de Kircher à Champollion en passant par Laurent Pignorius, Caylus, Montfaucon et Wescott. A travers cette table, bordée de hiéroglyphes inconnus et non déchiffrés à ce jour, un mystérieux fil de décryptage avait vu le jour avec les travaux de Michel Maîer concernant les Arcanes secrets. Rappelons nous aussi que Platon, l’auteur de la théorie des trois mondes, a été initié dans la grande pyramide, devant ce chef d’œuvre de l’au-delà ; comme également Jablique, l’auteur des Mystères égyptiens, comme le cardinal Bembo qui la ressortit du néant après le sac de Rome.

Non, le Hasard n’existe pas, ne constituant que l’action de ces messagers que plusieurs d’entre nous appellent des anges en référence à Cagliostro, qui lui-même le tenait des Sociniens de Prague et d’outre-ailleurs, selon le cadre des véritables filiations opérées par des génies ou des oracles bien ficelés, comme les écritures magiques dont se servaient les chaldéens, Cornélius Agrippa, Robert Ambelain (cf. expériences des équinoxes de 1942 à 1944) et bien d’autres anonymes.

Nous vivons à trois, au bon moment et à la bonne heure, comme disait Shakespeare.

La Rose+Croix d’Orient, comme les sages de la lumière d’Ormus, comme les philadelphes du Marquis de Chefdebien, l’avaient appris à Malte, à Prague et ailleurs. C’est à l’Orient où trônent le soleil, la lune et l’intermédiaire de la transmission verticale qui est tantôt prêtre, tantôt vénérable, tantôt grand hiérophante selon les rituels éternels de la grande tradition.

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